Un médicament expérimental qui pourrait, il convient encore d‘être prudent, prévenir du cancer du sein, est actuellement en phase de test à l’université de Cardiff.
Ces recherches reposent sur des études précédentes sur le gène BCL3 qui joue un rôle critique dans la diffusion du cancer du sein.
Dr Richard Clarkson : “Si un patient vient à la clinique avec un cancer métastatique, ce qui s’est passé c’est que la tumeur primaire a commencé à migrer dans le corps. Après avoir identifié le BCL3 en tant que gène très important dans ce processus nous essayons désormais d’inhiber ce gène en utilisant un agent chimique”.
Pour en arriver là les chercheurs ont utilisé de la technologie 3D pour les aider à modéliser avec détail des protéines autour de ce gène.
Ils ont observé l’interaction de deux protéines et mis au point un médicament pour interférer avec cette interaction afin de stopper la prolifération des cellules cancéreuses.
Dr Richard Clarkson : “L’idée de cette nouvelle stratégie thérapeutique potentielle c’est que dès qu’un patient va voir un généraliste il reçoit ce type de traitement qui va arrêter le développement des métastases et leur migration dans tout le corps”.
De grands progrès ont été faits dans le traitement à des stades précoces du cancer du sein. Mais il existe encore un vide quant au traitement des métastases qui peuvent se développer des années après le premier diagnostic.
Ce vide pourrait ainsi être comblé. Il faudra encore néanmoins attendre deux ans avant de voir apparaître sur le marché ces premiers médicaments.
Pendant cinq ans, l'équipe de 17 chercheurs pilotée par le professeur Pierre Sonveaux a tenté de découvrir d'où viennent les métastases et comment prévenir leur apparition.
Les résultats de leur étude publiées dans la prestigieuse revue Cell Reports, valaient manifestement le temps et l'investissement consentis. Les chercheurs ont identifié des composés prometteurs qui pourraient, à l'avenir, empêcher le développement de métastases chez des patients atteints d'une tumeur cancéreuse.
"Nous pouvons être fiers, s'enorgueillit Pierre Sonveaux. Car nous sommes les premiers, au niveau mondial, à avoir identifié une voie qui est responsable des métastases." L'équipe a étudié longuement les cellules cancéreuses et découvert qu'elles produisent un déchet."C'est le superoxyde. Et nous avons imaginé qu'il était possible d'inactiver le superoxyde afin de bloquer les métastases."
Testé sur la souris
"Nous avons testé notre traitement sur la souris, dans des modèles de mélanomes - ces tumeurs de la peau induites par des expositions au soleil - et dans des modèles de cancer du sein humain injecté chez la souris, précise-t-il. Dans ces deux cas, nous avons pu bloquer les métastases grâce à un traitement qui inactive le superoxyde."
Les résultats ont montré qu'une injection quotidienne d'un tel traitement était efficace dans ce cadre: cela a empêché l'apparition de métastases chez la souris en inhibant le superoxyde.
Un traitement transposable à l'être humain?
"Nous sommes très enthousiastes, mais d'un autre côté nous sommes des académiques, donc il faut raison garder. Des tests supplémentaires sur l’animal sont encore nécessaires, avant de passer chez l'homme. Nous voulons identifier si les stratégies fonctionnent aussi pour d'autres types de cancer. Ensuite, il faut faire des tests cliniques."
La décision de mener des tests cliniques est entre les mains des firmes pharmaceutiques qui possèdent les molécules nécessaires. Car un autre bon point: c'est que ces molécules existent déjà.
"Les composés, qui ont donné des résultats probants lors de nos tests, existaient déjà. Ils appartiennent à des groupes pharmaceutiques, qui les testent actuellement en phase 2 pour traiter la maladie de Parkinson ou l'hépatite C, ajoute Pierre Sonveaux. Nous savons donc que ces molécules ne sont pas toxiques pour l'homme. Cela ouvre la porte à une éventuelle validation relativement rapide d'un traitement préventif qui bloquerait les métastases cancéreuses humaines".
RTBF avec Belga
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